Préparer les mutations à venir en apportant des solutions à chacun
Réunis en assemblée générale le 12 janvier, les adhérents de l’association de Gestion et de Comptabilité, AS CEFIGAM Moselle, se sont immergé dans la préparation des virages technologiques qui se dessinent pour les métiers à chiffre.
Rencontre studieuse à Morhange le 12 janvier dernier. A l’ordre du jour pour les adhérents de l’Association de Gestion et de Comptabilité (AGC), facture électronique, digitalisation et numérique « Nous consacrerons le temps nécessaire, ensemble, à une explication détaillée de ce que va changer, pour nous chefs d’exploitations agricoles, l’arrivée prochaine de la facture électronique », annonçait Olivier Rolland dans l’introduction des travaux de la matinée.
Le vice-président de l’AGC affichait la volonté d’un effort de pédagogie auprès des adhérents, « nous partagerons sur les enjeux de ce mouvement de digitalisation de l’information ». a-t-il souligné.
Un effort de pédagogie
Délicat d’impliquer le plus grand nombre lorsque les échéances semblent éloignées. Pourtant lorsqu’on parle de facture électronique, les choses se sont mises en place depuis un bout de temps. Ainsi « depuis le 1er janvier 2020, toutes les entreprises françaises sont tenues d’envoyer leurs factures à destination de la sphère publique en format électronique. L’ensemble de ces factures transite via Chorus pro » soulignaient les intervenants en charge de la présentation de ce dossier.
Et le calendrier de mise en oeuvre de la suite de la réforme ne souffrira pas de retard selon Olivier Rolland. Et pour cause, l’Etat attend beaucoup de la réforme. Christine Cuisinier, en charge de la digitalisation au sein de l’AGC, indiquait la volonté des pouvoirs publics, d’améliorer la connaissance en temps réel de l’activité des entreprises.
Mais un autre argument recueillait beaucoup plus l’assemblée.
« l’état veut améliorer la détection de la fraude, de la fraude à la TVA en particulier ».
A terme, ce nouveau cadre vise à renforcer la compétitivité des entreprises grâce à l’allègement de la charge administrative. Bercy estime que pour une entreprise, le coût d’une facture électronique est inférieur à celui d’un timbre-poste alors que celui d’une facture papier est supérieur à 10 euros. Plus concrètement, la facture électronique devra « simplifier, à terme, les obligations déclaratives des entreprises en matière de TVA ».
Calendrier tout proche
La proximité des prochaines échéances peut surprendre tant le niveau d’information des acteurs économiques s’avère faible aujourd’hui.
Ainsi, Christine Cuisinier annonce que,
dès le 1er juillet 2024, toutes les entreprises devront faire le choix d’une plateforme pour recevoir les factures électroniques des grandes entreprises, EDF, Orange, Engie, coopératives ».
Ces entreprises auront l’obligation d’émettre leurs factures sous le nouveau format électronique.
Au 1er janvier 2025, ce sont les entreprises de taille intermédiaire qui se plieront à cette règle, puis les petites au 1er janvier 2026.
En résumé, les chefs d’exploitation agricoles recevront des factures électroniques dès le 1er juillet 2024, et devront émettre toutes leurs factures sous ce nouveau format, au 1er janvier 2026.
Il y a moins d’un an pour se mettre en capacité de gérer cette évolution technologique »
alerte Olivier Rolland en assurant de la volonté de poursuivre « les efforts d’innovation, dans nos fermes mais aussi dans votre Association de Gestion et de Comptabilité ». Il soulignait que ce travail s’inscrit « dans une initiative pilotée par notre réseau national« . Dans la recherche d’une solution adaptée, le Conseil d’Administration de l’AGC a puisé dans « la force de son réseau » pour un résultat « dont les coûts seront mutualisés ».
Il n’en reste pas moins que les investissements doivent précéder l’amélioration de la compétitivité. Les administrateurs ont, sur ce point, été suivis à l’unanimité par les adhérents.
A l’issue des travaux statutaires, Eric Hallé, conseiller au sein de l’AGC, a présenté une analyse du contexte économique de l’agriculture départementale. Un contexte où, « la bonne tenue des prix de vente mondiaux et français a simplement permis de mettre fin à une décennie de revenus médiocres pour la branche agricole », constate Olivier Rolland. Mais aujourd’hui, « rien ne permet de dire que nous avons une tendance positive qui s’inscrive dans le long terme » prévient-il, et d’ajouter, « l’agriculture reste soumise aux prix des marchés mondiaux, qui sont très volatiles et pourraient se retourner au moindre changement géopolitique ».
L’année 2022 restera une année meilleurs en termes de revenus. Particulièrement pour les exploitations qui s’étaient couvertes en engrais suffisamment tôt. Mais Eric Hallé montrait des soldes de gestion encore peut impactés par la hausse des prix des intrants. Dans le même temps, les prix de vente, à des niveaux variables, étaient orientés à la hausse. Le travail de l’Observatoire du Grand Est Agricole livre une première approche où les augmentations seraient comprises entre 100 et 200 euros par hectare pour les exploitations céréalières et entre 0 et 150 euros pour les exploitations à dominante laitière et viande.
Dans le contexte d’envolée des prix des intrants qui se prolonge, Eric Hallé incitait à anticiper le risque de retournement de marché, le fameux « effet ciseaux ». Il invitait à la prudence et à une grande rigueur de gestion. Il alertait également sur une autre conséquence de la situation. Les bons revenus actuels produiront leurs effets sur les prélèvements fiscaux et sociaux sur plusieurs exercices.
Pierre DIVOUX